Dans un salon de l’hôtel de l’Académie de Vaucluse se trouve une gravure d’Albert Decaris (1901-1988) représentant Victor Hugo. Je me demandais pourquoi nous possédions cette œuvre. Je viens de trouver la réponse : le 18 octobre 1985 se tint à Toulon une réunion interacadémique intitulée « Hommage à Victor Hugo des Académies de Provence ». A cette occasion, le graveur Decaris exécuta une gravure intitulée Victor Hugo à Toulon, tirée à 50 exemplaires, dont 20 furent distribués en hommage. Elle illustra le programme de la réunion, et fut reproduite dans le Bulletin de l’Académie du Var (numéro de l’année 1985). Dans le même bulletin ont été édités les actes de cette rencontre ; on y trouve notamment l’article « Victor Hugo en Avignon par le professeur André Le Revérend (président de l’Académie de Vaucluse de 1991 à 1998).
Victor Hugo séjourna en effet à Avignon à l’automne 1839, au cours de l’un de ses nombreux voyages en France et en Europe, durant lesquels il prenait des notes, et dessinait, accumulant des matériaux pour ses futures œuvres.
On trouvera des détails sur ce séjour dans l’ouvrage de Suzanne Olivé-Basso « Victor Hugo en Provence », édité par Alain Barthélemy (Avignon, 1985). Hugo arriva à Avignon le 26 septembre 1839 à 17h. et en repartit le 28 à la même heure. Sur son chemin de retour à Paris, il s’y arrêta du 11 octobre à 6 h. du matin et en repartit le 12 à 5 heures.Je ne donne ci-dessous qu’un court extrait de ses notes de voyage :
… Avignon n’est plus qu’une petite ville, mais c’est une petite ville d’un aspect colossal. J’y suis arrivé vers le soir. Le soleil venait de disparaître dans une brume ardente ; le ciel avait déjà ce bleu vague et clair qui fait si divinement resplendir Vénus ; quelques têtes d’hommes, brunes et hâlées, se montraient sur les hautes murailles comme dans une ville turque, une cloche tintait, des bateliers chantaient sur le Rhône, quelques femmes pieds nus couraient vers le port, je voyais par une porte ogive monter dans une rue étroite un prêtre portant le viatique précédé d’un bedeau chargé d’une croix et suivi d’un fossoyeur chargé d’une bière, des enfants jouaient sur des pierres à fleur d’eau au bas du quai ; et je ne saurais dire quelle impression résultait pour moi de la mélancolie de l’heure mêlée au grandiose de la ville.
Avignon se meurt comme Rome de la même maladie que Rome avec autant de majesté que Rome.
Pourtant, si vous voulez conserver l’impression entière, si vous voulez emporter dans votre esprit, dans votre cœur peut-être, Avignon vierge et vénérée, si vous voulez qu’aucun sentiment moindre ne trouble en vous les hautes pensées qui sortent de la contemplation de cette ville, n’abordez pas, n’entrez pas dans Avignon, passez en toute hâte, descendez le Rhône, gagnez Beaucaire ou Marseille, une cité marchande quelconque et de là retournez vous vers Avignon pour l’admirer
…
On trouvera ci-dessous un lien d’accès à un fichier word contenant les ouvrages et articles à ce jour répertoriés dans la catalogue de notre bibliothèque et ayant trait à Hugo.
Jean-Louis Charvet, bibliothécaire-archiviste de l’Académie de Vaucluse.