Le programme de cette année était la découverte d’une partie du pays d’Aigues et de quelques éléments de son patrimoine architectural, dont trois châteaux de la Renaissance.
En début de matinée, notre groupe d’une trentaine de personnes s’était donné rendez-vous à Lourmarin, première étape, au pied du Luberon et au débouché de la combe de l’Aiguebrun qui relie la vallée d’Apt à celle de la Durance. Face au château des Agoult, dont les différentes parties et la haute tour se détachent dans la campagne, une rapide présentation historique des lieux fut donnée, avant que nous ne soyons reçus par Mme Réal, présidente du conseil presbytéral de l’Église protestante unie, qui nous ouvrit les portes du temple protestant. Cette visite permit de rappeler l’immigration vaudoise de la fin du XVe siècle, à l’origine de la communauté protestante de Lourmarin qui s’organisa dès le milieu du XVIe siècle pour devenir très vite un bastion du protestantisme en Provence. Le premier temple fut construit au cœur du village ; il fut démoli en 1663 sur ordre de Louis XIV. Le temple actuel, édifié à l’écart du village de 1806 à 1814 sur des plans de l’architecte Penchaud, est l’un des premiers à être reconstruit ; sa vaste nef est couverte d’un plafond à caissons. Il possède une chaire avec escalier en fer à cheval, et des orgues installées en 1840.
Du temple, nous avons gagné par les rues escarpées du village, regroupé autour des restes de son château médiéval transformé en tour de l’horloge, la petite église dédiée à saint André. La façade en a été entièrement remaniée en 1842 dans un style néo-roman, de même que le chœur, dix ans plus tard ; ce dernier possède un beau retable en bois doré du début XVIIIe, orné d’un tableau de la Vierge à l’Enfant, entourée de saint André, saint Antoine abbé, et d’un évêque. De là un parcours dans le village nous fit découvrir quelques maisons anciennes, des fontaines, et la maison natale de Philippe de Girard (1775-1845), inventeur de la filature mécanique du lin.
Le déjeuner fut pris à Ansouis, seconde étape de notre sortie, localité distante de quelques kilomètres seulement, que domine son superbe château. Au préalable, un détour par l’église nous a offert outre le superbe point de vue sur les alentours, l’occasion d’admirer un très beau mobilier liturgique : autels, statues, bustes reliquaires, décors et tableaux ornent cette petite église à l’architecture complexe, blottie contre le rempart d’enceinte ; on y vénère les restes d’Elzéar de Sabran, et son épouse Dauphine de Puymichel. Quant au château des Sabran, passé aux Escalis-Sabran puis à la famille de Villeneuve avant de revenir aux Sabran-Pontevès, il vient d’être remarquablement réaménagé et remeublé par ses nouveaux propriétaires, M. et Mme Rousset-Rouvière qui nous assurèrent la visite ; ceux-ci ont parfaitement restauré le château forteresse, et tout particulièrement les appartements, réaménagés au XVIIe siècle dans le style des châteaux de plaisance par la famille d’Escalis-Sabran, qui présentent des gypseries et de gracieux décors.
Notre périple en pays d’Aigues s’est terminé non loin de là, au château de Villelaure, faussement dit de « la reine Jeanne », mais attribué plutôt à Gaspard de Forbin, et surtout à Melchior de Forbin, qui transformèrent au cours de la 2e moitié du XVIe siècle leur bastide Pouchade en ce qui aurait pu être un des plus beaux châteaux de la région, sur le modèle de celui de la Tour-d’Aigues, mais qui resta inachevé en 1589 ; son propriétaire actuel, M. Patrick Veyssière, et sa famille, nous reçurent avec chaleur et enthousiasme pour nous faire visiter le chantier en cours de restauration de ce petit joyau de la Renaissance.
Sur la coursive de la cour d’honneur, une photo souvenir regroupa les membres de l’Académie présents avant que chacun regagne sa voiture.